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Berlinerin Zou
29 novembre 2007

Bienvenue en RDA!

Retour sur ma sortie "culturelle", enfin disons plutôt historique, de dimanche dernier à la prison politique de Hohenschönhausen...
Vraiment très impressionnante et particulièrement prenante puisque encore tellement proche de nous!

Utilisé dès 1945 par les soviétiques, le "camp spécial 3" servait d'internement à tous les ennemis du communisme trouvé sur la route triomphale de l'Armée Rouge déboulant sur Berlin. Mais comme ça ne devait être que temporaire, les charmants ingénieurs de l'armée soviétique l'ont entièrement repensé pour servir de prison et lieu de détention provisoire pendant interrogatoire...
Quand dès le début de la visite le guide vous sort quelques phrases bien sentie de l'ami Stalline dont "mieux vaut 10 innocents morts ou en prison que 1 opposant libre" vous sentez bien que l'endroit regorge de joie de vivre!

Première étape le "U-Boot" (traduire par le sous-marin c'est comme en anglais c'est facile)...
Devait être internés ici pour interrogatoire et vérification avant possible emprisonnement, les nazis, les espions, les saboteurs, les terroristes, les activistes, les membres de l'ancienne police allemande, les leaders politiques anti-soviétiques mais aussi les sympathisants communistes ayant été aux mains des nazis (sait-on jamais ils auraient pu être corrompus...). On y retrouve beaucoup de gens ayant peu voir rien à voir avec tout ça, des femmes, des vieillards, des adolescents et des personnes gênantes.
On a donc installé une série de cellules sans fenêtre, individuelles ou dans lesquelles on mettait 6 à 8 personnes avec une lumière électrique marchant nuit et jour et un garde chiourme empêchant de dormir. Les interrogatoires avaient lieu de nuit histoire de bien totalement déconnecter les prisonniers.
On trouve aussi des raffinements suprême, le placard par exemple dans lequel on enferme les récalcitrant qui ne peuvent s'asseoir ou bouger le cou totalement tordu (ah ben oui trop petit le placard sinon pas drôle), et ce pendant 72h pour les plus endurants. Sans oublier le supplice de la goutte tombant régulièrement sur le crâne... de quoi vous rendre fou... Ou encore pour un opposant social-démocrate un traitement spécial, seul dans un cellule sans meuble mais avec 10cm d'eau sur le sol!

Pour vous faire une idée voyez "L'Aveu" de Costa Gavras avec Yves Montand sur les procès de Pragues...

Seconde étape, signature de la convention sur la détention d'Helsinky en 1975 on passe de "L'aveu" à "la vie des autres" (dont je recommande le visionnage au passage), on change de bâtiment. Mais si extérieurement ça devient plus cosy (des fenêtres opaques, des lits avec couverture, des toilettes et une armoire... le luxe en somme!), on passe sur un mode psychologique. Et oui quand on arrive ici c'est qu'on est coupable, rien à faire! On y reste le temps des interrogatoires et autres formalités (ça peut durer ce genre de choses). Ceux qui sont internés là sont toujours les opposants, les communistes favorables à la réforme, les tièdes, les traîtres à la patrie (ceux qui ont voulu fuir à l'Ouest ou seulement ceux qui un jour y ont vaguement pensé)...
6 heures de sommeil dans son lit et pendant la journée interdiction de s'asseoir sur son lit ou de tourner le dos à la porte. Pas de lecture. Pas de visite (en dehors de son avocat fournie la plupart par l'état donc fournissant des infos sur vous à la Stasi). Pas de nouvelles de l'extérieur. Pas de lien autorisé avec les autres prisonniers. Pas de contact avec les gardes chiourme que vous n'avez pas le droit de regarder. La solitude et que elle avec une promenade de 15 mn par jour dans une cage.
Et puis les salles d'interrogatoire avec les raffinements de l'interrogatoire de la Stasi très psychologique (voyez encore "La vie des Autres")...et encore aujourd'hui toute l'odeur de la RDA (le détergeant officiel du régime!)

Et pour vous achever bien le moral le guide vraiment très bien vous explique qu'il a été interné ici pendant 9 mois avant de passer 4 ans et 7 mois dans la prison de Sachsenhausen parce qu'il a écrit un livre démontant le régime et qu'un ami l'a gentiment dénoncé à la Stasi...
Et puis enfin vous sortez de là, il est à peine 16h mais il fait déjà nuit, il pleut des cordes et vous ne voyez que la lumière du mirador... vous vous dépêchez vite de sortir et vous décidez entre copine:
-Primo on ne refera pas la visite tous les dimanche,
-Deuxio on va éviter la Vie des autres là maintenant tout de suite
-Tertio le caipi fraise nous tend les bras

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Commentaires
Z
Courageux et passionnant!<br /> Pour ceux qui ne connaissent pas je conseille vraiment les deux films et après de venir à Berlin visiter et boire le Caipi!
T
tu m'étonnes que la caipi tombe à pic après tout ca! mais ca avait l'air vraiment intéressant! et le guide...il est courageux celui-là!
Berlinerin Zou
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